Text d'Elina Reynaud.
Dimanche 14 février 2016, jour de la Saint Valentin, nous partons du port de Hyères direction la sortie de la méditerranée. En perspective, nous prévoyons quelques pauses normalement prévues sur les îles Baléares (Menorca, Maiorca ou Ibiza).
Un logiciel de prévision des vents, nous permet de savoir la force des vents avec précision. Ayant vu les grand vents prévus au large de l’Espagne, nous avons préféré changer de programme pour garder le cap plein Sud. Du coup, au lieu de nous arrêter sur les îles espagnoles, nous nous retrouvons au port de Portoscuso dans le Sud de la Sardaigne en Italie… C’est aussi ça la navigation, on se laisse porter par le vent.
Nous avons commencé ce qu’on appelle les tours de garde durant les nuits. Moi, je surveille entre 2h30 et 4h30 du matin, le reste de l’équipage dort paisiblement. Grâce au pilote automatique, qu’on appellera Raymonde, l’Amarante tient le cap à merveille. Surveiller c’est-à-dire regarder la trajectoire du bateau en fonction des vents, des courants, et bien sûr la surveillance du trafic marin de vue et sur le radar juste pour s’assurer de ne pas tomber nez à nez avec un cargo. Je vous rassure sur 52 heures de navigation, nous avons croisé 3 cargos, ce qui est peu pour avoir parcouru 280 miles, c’est-à-dire 518 kilomètres (multiplié les miles par 1,85 pour trouver le nombre de Km). En moyenne, nous avons fait du 6 nœuds soit environ 10Km/h. Le début de navigation nous étions à vent portant, c’est-à-dire le vent qui nous poussait, puis pour les dernières 20 miles contrairement aux prévisions nous avons eu le vent complétement de face. Du coup la moyenne est très variable.
L’Amarante s’est bien défendue, elle a surfé sur les vagues, elle s’est battue.
Autant dire que la navigation ce n’est pas de tout repos… Mais tout n’est pas que frisons et vertiges. Une fois que mon organisme fut adapté au mouvement perpétuel de la mer, j’ai pu commencer à lire, cuisiner, discuter sans avoir la désagréable sensation d’être sur une montagne russe. Sur le bateau, le vent et surtout les vagues décident plus que toi. Si ça bouge trop, tu fais ce que tu peux et non ce que tu veux. Bien entendu, souvent tu arrives à faire ce que tu veux mais attention au rythme de la mer. En général, tout prend plus de temps… Faire des pâtes, manger, la digestion, se brosser les dents… En mer tu développes une sorte de 6ème sens, tu prévois le mouvement du bateau, à travers l’ouïe notamment et la direction du vent. Si tu es attentif, tu entends une grosse vague arrivée et comme tu connais le sens du vent, tu peux prévoir comment la bateau va bouger. Finalement ça ressemble un peu à l’escalade, il faut prévoir ses prises pour garder l’équilibre et éviter de tomber. Du coup, des muscles qu’on pensait alors inexistants nous semblent indispensables.
Quand le beau temps revient, lundi après-midi, nous entendons un bruit assourdissant. Un avion nous est passé sous le nez à très grande vitesse !! On est sorti rapidement afin d’apercevoir de plus près, l’avion privé ou un avion de marine nous a frôlé. A quatre reprises, il nous a survolé à très basse altitude. On a eu des sensations fantastiques, tout en surfant sur les vagues.
Avant de mettre pied à terre, nous avons profité du soleil sur le pont et du paysage de la Sardaigne qui se dessinait à l’horizon. Le soir même juste à la tombée de la nuit mardi 16 février, nous amarrions au port de Portoscuso. Une fois à l’arrêt, les réflexes de terrien nous reviennent. Nous avions enfin retrouvé nos deux mains pour manger. Nous avons pu fêter ça en partageant une bière et un bon repas.
Deux jours dans une vie ça passent vite mais entre vents et marées, l’intensité est décuplée. De nuit comme de jour, la mer est à chaque fois différente, notre façon de la contempler aussi. Les vents en ont décidé autrement... dans la vie tout ne se passe pas toujours comme on l'avait prévu et pourtant on finit par aimer notre destination. Après tout la Sardaigne, je ne connais pas non plus et il se trouve que c'est une agréable surprise.
j'évitais de faire trop de modifications de surface de la GV qui fut conservé tel quelle jusqu'a la sardaigne. |
Le jet a fait 4 passages a 50m d'altiutude...ct génial |
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