Bye bye les Acores, mais pas le Portugal,
puisque je vais à Lisbonne. Les vents dominants du Nord et les courants, font
qu’il est plus difficile, depuis la méditerranée d’y remonter, donc autant en
profiter pour faire un trajet direct jusqu’au continent, et de visiter la
capitale du Portugal…Bien que ce soit de la traversée Atlantique aussi (800
Milles), ça n’a pas la saveur passionnante de naviguer d’un continent à un
autre, avec en prime l’expérience enrichissante du démâtage. Surtout que les
vents sont faibles étant en plein anticyclone des Acores comme, ils disent a la
TV…Cette nuit ne voulant pas dormir au bruit du moteur, j’ai fait silence, affalé
la voile et dodo. J’ai quand meme laissé les lumières de navigation et l’AIS
allumé; vers 8 heures un fort roulis m’a réveillé, j’ai remis le moteur et déménagé
vers la cabine avant ou le moteur s’entends moins, pour dormir encore 1h. En 8
heures de sommeil la dérive n’a été que de 3 Milles, ce qui correspond
exactement au pilot chart pour Juin qui indiquent 0,4 nœuds de courant du Nord
vers le Sud.
Hier, pour la première fois j’ai vu une
baleine...Des dauphins, j’en vois presque tous les jours mais une baleine c’est
la première depuis toutes mes navigations, soit environ 20 000 milles, c’est
dire si la chasse à la baleine en a décimé leur nombre ; L’Amarante
naviguait à 3 nœuds à la voile, quand juste à côté, la baleine sorti à la
surface et expira ; ça m’a surpris, Loupy aboyait déjà avant. Depuis le démâtage
elle fait de l’aboiement préventif vers la proue, elle pense sans doute que les
dauphins nous attaquent. Les chiens partent du principe que nous vivons dans un
monde hostile (et ils ont raison).
J’ai aussi vu des méduses voiliers et
leur poches d’œufs comme des touffes de cotons, un type de méduse petite avec
une voile dessus, assez courant en méditerranée, pouvant même recouvrir la mer par
zones entières; je n’en ai pas vu aux Amériques ni aux Caraïbes. Il existe
une autre espèce de méduse voilier plus grande, faisant presque penser à une espèce
extraterrestre, bleu, rose et violette, ferme, presque en plastique dur, avec
une grosse poche d’air et des ramifications de tentacules en dessous, une
méduse high tech, elle remonte le vent, oui oui, elle fait du prés ; si
une vague la retourne, sa quille de tentacules la remet droite peu après.
Les Acores fut une belle surprise et j’ai
bien fait de prévoir du temps pour visiter: Toutes les marinas 10 euro / jour et toujours bien placé, bière au bar 1 euro…au
final, j’ai été sur 5 iles ; Flores, Sao Jorge, Faial avec sa belle ville de
Horta, la Mecque des voileux, des arrivés et des départs constants, les
peintures de navigateurs sur tous les pontons et les murs. En passant devant la
zone chantier avec Bastien on a sympathisé avec un couple trentenaires, d’artistes
Hollandais adorables, Erik et Sober, en route vers les Caraïbes. Ils n’iront pas
plus loin, faute d’argent et de temps, afin de ressouder des tôles sur la coque
en acier de leur voilier « 5e symphonie » qui prenait l’eau.
En face Pico le mont le plus haut du Portugal… Allons-y ; 30 minutes de
ferry avec Bastien, et son copain de Hollande arrivé la veille en avion, pour
le retour en voilier. (Il a un remorqueur et travaille au Chili, il a traversé
l’Atlantique puis le canal de panama en remorquant 2 barges ; une mission
de 1 an pour la construction d’une
station de désalinisation d’eau de mer qui servira pour une mine de cuivre,
avant qu’ils assèchent le lac) nous avons loué une voiture pour visiter ; très
jolie, avec le style Acores qui fait penser à l’Auvergne ou la moyenne altitude
des Alpes, des bois, des pleines en pentes avec des vaches heureuses, de la
végétation verdoyante, des petits emmuraillements en pierres volcaniques noires
pour la culture de la vigne. Le tout avec vue mer, et sans avoir à rouler
pendant des heures. Les Acoriens parlent directement anglais aux touristes ;
en cherchant un resto vers la place d’un village, un monsieur nous donna 3 gros
pains chaqu’un pour la féte de l’ascension, et il appella son fils qui rapplica
en maillot de foot du Bésil pour nous indiquer dans un parfait anglais ou
il fallait aller. Le tourisme est appelé a continué de croitre ; depuis
Avril le roi du low cost Rayannair y fait des vols (ce n’est pas la compagnie
aérienne de la chanteuse Rayanna, mais d’un Irlandais, qui envisage même que
les passagers se tiennent debout comme dans un bus.)
Pour faire les 140 Milles de Horta, jusqu’à
Ponta Délgada la plus grande ville des Acores sur l’ile de Sao Miguel, j’ai
embarqué un Suisse, Olaf, qui était a Bermuda sur le Garcia en alu, de Berto
l’Italien, assez sympa, mais qui ne sert à rien, qui casse des petites choses
par ci par là, et pose des questions bêtes, comme pourquoi cette corde est-elle
rouge ou moins bête comme pourquoi j’ai mis le drapeau de la Sardaigne?…Plusieurs
raisons : 1/ il m’est tombé dans les mains en ouvrant le placard, 2/ Je le
trouve jolie, 3/ il me sert pour voir la direction du vent et 4/ pour faire
parler les curieux, et d’ailleurs ça prouve qu’il y a été... On est sortis boire
des bières, dès notre arrivé à 22H, rencontre de deux Américaines, dont les
parents sont originaires, des Acores. Assez rigolotes et pleines d’énergie,
typiques un peu grosses, assez directes, égocentriques « il love it »
ou « i hate it », le lendemain avec la gueule de bois je questionnais
un louer de motos lorsqu’elles sont arrivées pour faire un tour guidé de l’ile
en quad ; ça tombait très bien, j’avais jamais fait de quad (c’est comme
une moto avec 4 roues), le tour du plus grand cratère sur la crête est vraiment
le truc à faire, roulant derrière j’ai passé la journée à faire des dérapages
et des glissades... J’ai aussi, 3 jours
plus tard rencontré des vraies Acoriennes jolies et sympas Anna et Lucia, on a
rigolé, blagué, le tout avec des conversations évolués sur les hommes, les
femmes, la vie, le contrôle de son déstin, de philosophie… Le lendemain elle
m’ont fait visiter l’ile, avec au passage un bain à l’eau de source chaude dans
la nature…Lucia fêtait le premier jour du reste de sa vie, ayant quitté son
emploi de 8 ans dans une agence de tourisme, elle n’a pas de but précis, mais vivre
sa vie pour commencer est suffisant….Avant de quitter le mien de travail, dans
le but clairement de vivre ma vie et de naviguer, j’étais métreur économiste de
la construction dans une entreprise Portugaise de Beausoleil, avec 50% des
habitants du Portugal. Sans faire de caricature, la réalité est bien que les
hommes sont sur les chantiers et les femmes font le ménage à Monaco :
Elles sont moches et incultes a 90%, ne parlant quasiment pas le Français et
celles qui sont jolies sont hautaines en se prennant pour Madame (décidément la côte d’azur est bien la cote d’usure).
L’Europe, pour moi est comme un vieux dinosaure
dont les riches vendent ses organes de valeur et les autres dépiautent ce
qu’ils peuvent avant sa mort annoncée ; Théorie qui vaut surtout pour la
France ; je me dis que, plus tôt elle sera au fond et plus tôt les
Français pourront se regarder en face, s’entraider, se retrousser les manches, au
lieu de jalouser le riche, accuser l’immigré de parasite dépiauteur
supplémentaire, qui introduit en prime sa religion moyenageuse. Une fois au fond,
une fois le vorace dinosaure fauché, on pourra reconstruire avec des mentalités
saines, et je l’espère sans succession de guignols, mais des politiciens sérieux
et soucieux de leur pays.
Tout ça pour dire que les Acores m’ont
inspiré la fierté d’être Européen, que finalement Le dinosaure n’est pas encore
sous perfusion. Que le dinosaure boiteux et malade, c’est plutôt la planète entière…
A côté de moi passe
« Parapola », un vraquier Grecque (300m de long 45m de large, tirant
d’eau 15m) il va tranquillement à 10 nœuds, et l’Amarante a 5,5 au moteur
voiles baissés, ce qui fait qu’il me double assez lentement. J’ai appelé au
canal 16 pour discuter et essayer l’antenne VHF en haut du mat que j’ai acheté
a Horta, la précèdente antenne VHF fixe n’a jamais fonctionné ; Cette antenne
c’est d’ailleurs la seule chose tout court maintenant. Avant, du temps ou l´herbe était plus verte, en haut du mat la corne
d’abondance y avait apporté, un feu de tète de mat, une girouette + une
girouette anémomètre électronique et encore une antenne TV omnidirectionnelle
Glomex qui ressemblait à une secoupe volante, (la goulotte en plastique de tous
ces cables électriques cognait dans le mat et faisait un bruit impossible a
supprimer ; au moins j’en suis debarrassé). J’ai demandé s’ils allaient a Istanbul,
L’AIS affichant Constanta ; Estimated Time of Arrival 16 juin. Un
vraquier, ressemble de loin à un pétrolier, a part des trappes sur le pont pour
le vraquier et des tuyaux pour le pétrolier. Le « Parapola » est
chargé de charbon pour produire de l’électricité en Roumanie. Il m’a dit que le
vent devrait revenir demain, 10 à 12 Nœuds N/E, ce qui correspond à mes prévisions
prises au départ il y a 3 jours, et c’est pour cela que j’ai fait route plus au
Nord que la ligne direct entre Ponta Delgada et Lisbonne.
A l’avenir il va falloir que j’ai
d’autres solutions pour la météo que les fichiers Gribs au départ par connexion
internet. On peut, avec le téléphone satellite récupérer des Gribs de
l’internet, Bastien dit que ça revient à 2 euro le grib, et 1000 boules pour le
téléphone et l’antenne exterieur. Sinon moins couteux est d’arriver à sortir
quelque chose de la BLU ; Une évolution c’est que j’ai pu entre-apercevoir
quelque chose de lisible, le principal bruit de fond est malheureusement l’ordinateur,
et ce depuis le câble audio, qui le connecte à la radio ; on ne peut le
débrancher puisque les messages fax sont reçus par ce câble…
Solution complémentaire, Le
BAROMETRE que Philippe de « Nicotine » m’a convaincu
d’utiliser, celui de l’Amarante indique n’importe quoi …il faut noter sa valeur
régulièrement, et surtout surveiller ces variations. Les courbes des isobares
sont visibles sur les gribs et permet également dû suivre l’évolution par
rapport aux prévisions, et ainsi vérifier qu’elles correspondent au fil de
jours, ou qui ne correspondent plus. Plus la baisse est rapide et plus elle
indique l’arrivée d’une dépression forte. Il est logique que le vent va de la
haute pression vers la basse pression et d’autant plus fort que les lignes sont
proches, mais non pas perpendiculaire contrairement à ce qu’on pourrait penser,
mais parallèle aux lignes en resserrant vers le centre pour la dépression et
s’écartant pour la haute pression. Ce phénomène s’explique par la rotation de
la terre, qui s’accentue plus on va au Nord (ou au sud pour l’hémisphère Sud ) et
explique aussi que les vents soient faibles près de l’équateur ainsi que l’absence
de tempêtes tropicales, qui ont besoin de s’alimenter de cette rotation sur
elle-même. Le Baromètre est une aide précieuse mais elle n’indique pas le futur
pour autant et il faut aussi prendre en compte les fronts chauds et les fronts
froids…
Cette nuit j’ai encore
arrêté le moteur, tout affalé sauf un bout de grande voile pendouillant, suffisante
pour capter le petit vent a la poupe mais pas trop pour pas quelle claque est
fasse du bruit. Dans le but de laisser
le pilote auto contrôler la dérive, et d’avancer tout doux, sans roulis. Au réveil
on a avancé de 8 Milles dans la bonne direction. Le vent est de retour force 3,
non pas N/E mais Ouest. J’ai hissé le génois de Bastien, puis la grande voile.
Pour avoir plus de voilure J’ai attaché la GV au bas du mat, puis abaissé la bôme,
presque a ras du pont pour une voile au 1er ris. J’ai encore mis le
foc 2 sur bout dehors décalé... Je suis très content du retour du vent, j’en avais
assez du moteur ou péniblement de la voile…La moyenne sur 4 jours pour faire
300 Milles, en comptant voile, moteur, dodo dérive est de 3,3 Nœuds. Il fait soleil, il fait chaud plus qu’hier,
juste parfait avec ce vent de force 3, pour une bonne salade, fraiche, et de continuer
mon livre écrit par un indien, « Loin de Chandigarh », dont le titre anglais
d’origine est « The Alchimy of desire » ; comment en sont-ils venus
à s’éloigner autant du titre originel ?
Puis vers 18H est
arrivé une série de nuages noires, un peu de pluie et presque d’un coup, le
vent est passé N-N/Est + Fort force 4, vent de travers c’est parfait, j’ai
enlevé le foc sur le bout dehors, et empanné, La voile basse a ras le pont je
l’ai laissé pour l’instant, l’Amarante est pratiquement horizontale, avec une
bonne vitesse de 6 Nœuds droit sur Lisbonne… Le vent s’est renforcé, et passé Nord Est, étant donc au prés, il a
fallu remettre la voile sur le 2eme ris, et si ça continue, il faudra changer
pour le foc 2, au moins avant d’aller me coucher, quitte a remettre le génois
demain…Reste 440 Milles.
Le lendemain matin,
les secousses des vagues croisés et courtes faisaient osciller les hauts bans
sous le vent, un peu trop, à mon gout. A contre cœur j’ai baissé au 3eme ris
car l’Amarante allait très bien comme ça, le troisième ris étant bien pour au-dessus
de force 6, alors qu’il n’y avait que
force 5 mais à cette distance de Lisbonne, je préfère rester zen. Le mat est bien
réparé. Surtout quand je vois les nombreux mats manchonnés, qui ne sont
boulonnés que sur une petite longueur de 50cm et le manchon est uniquement à
l’intérieur, alors que j’ai 110cm dedans puis encore des renforts sur
l’extérieur… Je ne veux pas surcharger les haut bans, il y a deux câbles en
moins, du fait de la barre de flèche en moins ; et surtout à cause des
secousses…A propos de mats manchonnés, non pas que les démâtages soient courants,
mais pour des questions de transport. Un exemple connu, le mat de remplacement
cassé par Eric Tabarly, ne pouvant être transporté entier fut scié et envoyé
par avion en 2 parties avec son manchon.
Plus que 100 Milles, vitesse
6 Nœuds, c’est Royal, vent de travers mer belle, sans vagues foireuses. Ce
matin j’ai remis le génois; arrivée demain à Lisbonne, qui marque la fin de 3500
Milles de traversée Atlantique… Plus que 2 heures, je vais aller au plus court
a Cascais a l’entrée de la baie, Bastien m’en avait parlé. Au moteur depuis tot
ce matin, le vent était tombé complétement ; il fait bon, une sorte de
brouillard ensoleillé; Les voiles sont rangés, la housse de la grande voile en
place, aux Acores il est 14H30, ici 15H30 ; Apres 8 jours de mer ; je
suis content d’arriver, et Loupy va pouvoir renifler de nouvelles odeurs.
A regarder les statistiques du blog,
il y a environ 30 visites par jour de l’une ou l’autre des pages, et même des
gens inconnus en cours de voyage m’ont dit avoir vu mon blog comme Michelle la
Canadienne a Bocas Del Toro que je n’ai malheureusement plus revue, ou le jeune
couple de Français sur leur voiler jaune à Santiago de Cuba qui ont reconnu
Loupy. J’en profite pour remercier celui qui m’a poussé à écrire le blog, et
surtout à l’écrire à ma manière, quitte à ce que ce soit trop personnel. Le
blog avec un style qui vaut le détour de Gwendal et de son chat Touline, du
voilier « la Boiteuse ». Il a passé beaucoup de temps au Brésil,
c’est comme ça que je suis tombé dessus à l’origine. ; il va remonter vers
la ou je suis passé il y a un an: Je lui conseille Cayenne en Guyane, La marina
Dégrades de Cannes où il rencontrera des Français comme nulle part ailleurs,
zapper Kourou, puis de remonter le Maroni qui fait frontière avec le Surinam
jusqu’à Saint Laurent, et de la visiter un peu le Surinam, zapper Paramaribo la
Capitale. Puis 4 ou 5 jours de navigation facile jusqu’à Tobago (diesel 30
centimes /litre), s’il a des travaux à faire, Chaguarmas à Trinidad ou j’ai été
moi ou alors, Grenada…J’ai lu sur son blog qu’il ne sait pas s’il passe par le Venezuela…D’après
ceux qui y ont été, c’est dangereux pour de bon, néanmoins c’est un grand pays
avec quelques niches, la petite ile Los Roques ou j’ai oublié d’aller ;ceux
qui y sont passé ont adoré ; Porto da Cruz pour des travaux à moitié prix
de Grenada ou Trinidad; ne surtout pas longer la côte pour y aller, et avoir
des dollars US en cash. Qu’il demande à Lionel du voilier « Rebelle »
a Cayenne pour les détails, lorsque j’y étais il revenais de Porto da Cruz.